Ne pas se fier à un genre a priori rébarbatif et au côté « pavé » de l’ouvrage (768 pages, tout de même). Le dictionnaire Rimbaud, qui vient de sortir dans la collection Bouquins chez Robert Laffont, saura réveiller la curiosité du lecteur. Voila
trois bonnes raisons d’en feuilleter les pages.
1 – LE « PEDIGREE » DU DIRECTEUR DE PUBLICATION INCITE A LA CONFIANCE.
Le nom de Jean-Baptiste Baronian n’évoquera pas grand-chose au lecteur non averti. Il faut savoir, cependant, que celui qui
a dirigé la réalisation du dictionnaire est membre de l’Académie royale de langue et de littérature françaises
Le dictionnaire a été rédigé sous la houlette d’un passionné de Rimbaud, Jean-Baptiste Baronian, qui lui a consacré une biographie et un roman de Belgique. Outre ce titre prestigieux, on lui doit un certain nombre d’ouvrages sur Rimbaud. Une biographie, un album Cent poèmes de Rimbaud, et même un roman, L’enfer d’une saison, dont l’action se déroule à Bruxelles, où (entre autres) Rimbaud suit les traces de Baudelaire, qui y a vécu. À la vérité, bien peu de personnages se prêtent aussi bien à devenir l’objet d’ouvrages si différents.
Notons que Jean-Baptiste Baronian a pu compter sur trente-six collaborateurs. Une chose est sûre : si les informations sur Rimbaud pullulent, vous êtes sûrs de trouver dans ce dictionnaire, une somme extrêmement complète.
2 – LA VIE D’ARTHUR RIMBAUD SE DÉVORE COMME UN ROMAN D’AVENTURE.
Avec Rimbaud, on ne tombe jamais dans l’ennui. Une vie bien remplie, aux épisodes rocambolesques, comme celle où, apprenti trafiquant d’armes, Arthur Rimbaud se fait doubler par un souverain plus malin que lui, une oeuvre poétique riche… La vie du poète est un vrai roman d’aventure.
Et, pour découvrir cette vie dans tous ses aspects, vie quotidienne et oeuvre poétique confondues, le dictionnaire se révèle un outil bien plus efficace que prévu. Plutôt que de le lire article après article, on se surprend à sauter d’un lien à l’autre, pour poursuivre la découverte d’un thème. Le dictionnaire Rimbaud se picore, et c’est tant mieux : l’on évite l’indigestion d’un ouvrage (trop) savant.
3 – ON ARRIVE ENCORE A EN APPRENDRE SUR RIMBAUD.
Dans les Ardennes, on se pique d’être du même « pays » que Rimbaud. Mais bien peu sont incollables sur le poète, y compris les Rimbaldiens les plus acharnés. C’est bien simple : dans le dictionnaire, on tombe toujours sur une pépite inconnue. Parfois, dans des domaines insoupçonnés. C’est ainsi que Jean-Baptiste Baronian et ses comparses s’aventurent sur les plates-bandes du cinéma ou de la bande dessinée. On apprend que Rimbaud a eu les honneurs d’un Petit Rimbaud illustré, qui le dépeint en « grand dadais désabusé, maladroit, niais », souffrant du mal de mer, ou du journal «bête et méchant», Hara-Kiri, qui lui consacre un numéro spécial : « Rimbaud à toutes les sauces, Verlaine fait la gueule ».
Plus subtile, la présence du poète dans plusieurs albums de Corto Maltese, où l’on déclame ses poèmes. Hugo Pratt, le père du célèbre marin, amateur de Rimbaud, a d’ailleurs illustré par ses aquarelles les Lettres d’Afrique.
Une ouverture sur d’autres lectures, et, de fil en aiguille, sur d’autres mondes.